Julien Blaine : Au carrefour aéro-digestif

Le trou du cul

est beaucoup plus pertinent  que

le trou de tête.

L’anus sait toujours,

ne se trompe jamais

et quant il y a erreur – ce qui est extrêmement rare –

c’est parce que la route vers l’anus est patraque.

Il sait, quand il se lâche,

s’il évacue du vent ou de la merde.

Il pète à bon escient et retient sa merde.

 

La bouche n’est pas aussi savante

et quand elle ouvre sa gueule et remue sa langue

elle croit qu’elle ne fait que du vent

et, en fait, ce qu’elle dit, c’est de la merde.

 

Cela se vérifie jour et nuit, notamment avec les orifices des politiques !

 

(Je n’aurais pas dû prendre un exemple ça affaiblit mon discours…

N’en tiens donc pas compte, Ô toi, mon lecteur fidèle.

« _ Alors, pourquoi ne l’effaces-tu pas, Ô mon auteur espiègle ?

– Je n’en sais rien ! Sans doute pour nouer un dialogue avec toi, Ô lecteur effronté. » )

Julien Blaine

2019.

Murielle Vanderplancke

Attraper les mots en plein vol

Les humer dans tous les sens

Les enrouler dans la poésie

Le bol du petit déjeuner

Fumant de mélodie

Les mots ont quelque chose à dire

Les écouter

Les déguster

Les partager

Leur rendre leur liberté

C’est là qu’ils donnent toute leur beauté

Posés sur les lèvres, les lièvres

Les bières et les liqueurs

S’agrippent aux pages blanches

Un arpège joyeux

 

Murielle Vanderplancke

 

 

 

Patrick Lepetit : Fièvre blanche

Fièvre blanche

 

Pour Mohsen Elbelasy

 

1.

Voix parcourue de fertilités

mais qu’étouffent souffrance

et grâce fragile du désir

au trépan des jours,

cheminer à travers fantasmes

ou vents contraires

dans la mémoire des corps.

La main lépreuse,

orgueil et modestie

tissés en échevelé baroque,

s’oublier dans la contagion

quand s’allument

les magnolias du vide.

 

 

2.

Réalité bousculée ou royaume d’illusion,

fendre les brouillards et traverser les pâleurs

aux fêtes du sexe et de la mort,

obscures et archaïques cérémonies,

blanche magie et pure perte.

Mandorle écobuée,

désir et répulsion

au rendez-vous des fontaines,

sur le fil du respir poétique

défricher sursaut de conscience

et flétrissement des chairs,

brûlant de vie.

Fin de saison.

 

Patrick Lepetit