Louis Bertholom : De la fenêtre

De la fenêtre

Crachin silencieux

le bitume luit

respirent les herbes

les pneus chuchotent

au passage mouillé

 

De ma fenêtre close

le ciel gris affaissé

assombrit les ardoises

des pas sous un parapluie

rythment ma pendule

 

Troisième étage

buvant un café

je caresse du regard

myosotis et camélias

qui prennent la douche

 

L’ombre s’étale

avec les gouttes

le matin peine

à ouvrir ses paupières

dans le frisson du jour

 

Une étrange tristesse

m’envahit lentement

la pie sur un balcon

s’ébroue et repart

dans l’air criblé

 

Parsemé de larmes

ma vitre tente

d’éclairer la page

que je vais noircir

comme les nuages

 

© Louis Bertholom, Quimper, le 28 avril 2020 (inédit)

 

 

 

Miguel Ángel Real – 10/04/2020

Assis à mon bureau, je relève le défi de dessiner des êtres impossibles, et le résultat est une étreinte en devenir, l’arythmie des pas que j’imagine, la décomposition des fleurs derrière un nuage qui ne passe pas. Il faut que j’apprenne à esquisser sans cesse des lignes que j’ignore, que me je m’efforce à peindre avec les couleurs qui se cachent derrière l’horizon, que je ne tremble pas au moment d’expliquer le monde à mes filles : mais même les tours d’ivoire ne sont qu’un mirage. Nous n’aurons pas d’autre avenir que de briser les cadres.

Miguel Ángel Real, 10/04/2020

 

Jean Jacques Nadon : Où va l’humanité?

Où va l’humanité?

Tour, gratte-ciel
Faîtes de verres
D’acier trempé
Exemple de modernité

Soi-disant!

Humaine est la volonté
De vouloir s’élever
Graduer, sélectionner
Ranger, cataloguer

En soi des castes créer
Certains la base écraser
Mais sans base
Rien n’est possible
Ou non facilité

Le salut de l’humanité
Est là !, et bien là !

L’étroitesse d’esprit
Freine ses avancées
Les cerveaux éclairés
Mettent en place
Des escabeaux

En fait échelle sociale
Remettre le pied à l’étrier
Remonter,
Ces pentes escarpées
D’ imbécilités !

Pouvoir rayonner
Dans une égalitaire société

Et place meilleure trouver

 

Jean Jacques Nadon

 

 

Chiaras Mulas : « Hommage à la Bretagne » (Série Masques)

Evit enoriñ Breizhiz. Bevet Breizh dieub en enor hag en dizalc’ hiezh!
Frankiz! Mor hag arvor.

 

Signé : Gouelan lost du.

 

 

« 52°JOUR DE CONFINEMENT : Il est désormais impossible d’acheter des masques en pharmacie.
PAS DE SOUCI!Aujourd’hui : Masque Hommage à la Bretagne: Frankiz breizh ar mor.Le peuple breton appelle à libérer les plages, le cri du goéland aujourd’hui est la Blanche Hermine. Rendez la mer aux bretons! »

 

Bruno Geneste : Train des Infinités Froides (extrait)

Too Old To Die Young man 

Too Old Die Young man

train d’ombre

De ce qui happe

Attrape le vide vertical

Des pâleurs

train dans le ciel

De neige

des glissements

Too Old To Die Young man 

Too Old To die Young man 

Sous la  cendre

Des  lampes

Et des plaines

train dans l’effacement

vidé de son horizon

Too Old To Die Young man

Too Old To Die Young man 

 

train des couloirs

anthracites

De chambres abandonnées

révolver

dans la bouche des mots

du paysage de l’écume

Too Old To Die Young man