Laurent Doucet : Datura

DATURA

Je vois au moment où j’écris ces lignes le visage noir de cendres du poète venir à moi, dans un champ magnétique de datura du Mexique.

De la clade des angiospermes riche en alcaloïdes, datura est une plante vénéneuse mais intéressante sur le plan pharmacologique pour la médecine.
Le terme de datura est lui-même d’origine indienne et nous a été transmis par l’intermédiaire du portugais. Il a été vulgarisé en français par l’intermédiaire du latin scientifique des droguistes.
Les premières mention du terme dhatturä dans les textes sanskrits se trouvent dans l’Astrakhan un traité de politique et dans le Kâmasûtra un traité sur l’art de vivre et la sexualité, tous les deux datant des IIè ou IVè siècles. A cette époque, seule la toxicité de la plante est signalée et ce n’est que quelques siècles plus tard qu’on commence à s’intéresser à ses propriétés médicinales. Deux des ouvrages fondamentaux de la médecine ayurvédique mentionnent que les graines et les feuilles de dhatturä son recommandées contre la rage. Plus tard, des préparations contenant la plante sont prescrites contre la douleur, les maladies de peau et la folie. Les études fouillées des sources textuelles arabes et indiennes concluent que les daturas sont originaires exclusivement du Nouveau Monde. Elles font l’hypothèse que des graines de datura auraient été transférées de son aire d’origine du Mexique vers l’Asie à Bali.
La plus connue en Europe est Datura stramonium aussi appelée « trompette des anges  ou de l’Apocalypse ».
Les feuilles grandes, entières ou faiblement sinuées, ne portent pas de dents aiguës. Les nervures secondaires sont incurvées vers le sommet de la feuille. Le fruit mûr, globuleux, est penché et couvert d’aiguillons longs et grêles.
Évoquée dans la littérature de l’Antiquité sanskrite, elle est considérée comme sacrée dans le bouddhisme, et le taoïsme la présente comme une plante envoyée sur Terre par l’une des étoiles circumpolaires.
De même en Inde, la représentation de la fleur en trompette de Shiva.
Ce sont des plantes riches en alcaloïdes ; elles sont toxiques.
Les propriétés psychotropes de ce genre botanique sont connues depuis longtemps. Ses alcaloïdes présentent des analogies avec les hallucinogènes. Ils constituent un sous-groupe des hallucinogènes délirants qui induisent un état de conscience comparable au delirium tremens. Il provoque un état confusionnel assimilé à une phase de début de psychose aiguë où surviennent des hallucinations véritables. Ces hallucinations sont la plupart du temps très anxiogènes.
Le sujet ne peut alors distinguer son environnement extérieur de son monde intérieur. Les hallucinations ainsi induites sont d’une réalité surprenante. Le sujet ne les rattache pas à la prise de drogue et n’a aucune distance par rapport à celles-ci. Il n’a pas les moyens de les différencier de son environnement habituel.
Par ailleurs les propriétés se manifestent sur le plan somatique avant l’apparition des hallucinations ce qui rend la consommation de Datura parfois très désagréable et dangereuse.

De plus, les alcaloïdes tropaniques possèdent la faculté de détruire les doryphores.

Il va sans dire que les enfants ne doivent en aucun cas toucher ces plantes toxiques.
Et pourtant.
Certains en possèdent de nombreuses espèces accessibles facilement comme en témoigne parfois le passage dans le service des urgences.

La plante a été utilisée par de nombreuses sociétés traditionnelles (notamment les Aztèques).
En Chine elle étaient utilisée dans un mélange de vin et de cannabis.
Elle est d’ailleurs toujours utilisée par certaines ethnies d’Amérique lors de rites initiatiques, même si son usage et sa préparation restent variables d’une ethnie à l’autre.
Sa grande toxicité la rend potentiellement dangereuse même pour un usage chamanique selon Serge Pey.
Jadis datura stramonium était considérée comme une plante magique associée à la Magie Noire.
La pomme épineuse en onguent, en filtre ou en fumée provoque la déconnexion du réel.
Ses effets délétères l’ont fait surnommer « l’herbe aux fous ».

Datura est également présent comme élément important du récit dans L’Amour fou d’André Breton.
Datura est l’exact anagramme d’Artaud.

Laurent Doucet, Mexico 2019 – Fort Bloqué 2020

Julien Blaine : Au carrefour aéro-digestif

Le trou du cul

est beaucoup plus pertinent  que

le trou de tête.

L’anus sait toujours,

ne se trompe jamais

et quant il y a erreur – ce qui est extrêmement rare –

c’est parce que la route vers l’anus est patraque.

Il sait, quand il se lâche,

s’il évacue du vent ou de la merde.

Il pète à bon escient et retient sa merde.

 

La bouche n’est pas aussi savante

et quand elle ouvre sa gueule et remue sa langue

elle croit qu’elle ne fait que du vent

et, en fait, ce qu’elle dit, c’est de la merde.

 

Cela se vérifie jour et nuit, notamment avec les orifices des politiques !

 

(Je n’aurais pas dû prendre un exemple ça affaiblit mon discours…

N’en tiens donc pas compte, Ô toi, mon lecteur fidèle.

« _ Alors, pourquoi ne l’effaces-tu pas, Ô mon auteur espiègle ?

– Je n’en sais rien ! Sans doute pour nouer un dialogue avec toi, Ô lecteur effronté. » )

Julien Blaine

2019.